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lundi 15 juin 2009

Tu captes ? *

Dans le métro, deux hommes assis côte à côte. Ils ne se sont pas installés en même temps, ils ne se connaissent pas.

L'homme de gauche regarde celui de droite pianoter sur son téléphone. Téléphone dernier cri j'imagine, à en juger par la largeur impressionnante de son écran, et puisque l'homme pianote directement sur l'écran. [Nous désignerons désormais les deux hommes par Gérard et Didier, peu importe que ces prénoms ne correspondent pas à leur âge.]

Gérard se plonge dans un roman. Didier pianote et pianote encore.

Gérard ferme son roman, il sort de son sac une bouteille de lait-aromatisé-qui-donne-l'air-jeune. Il amorce un mouvement de rotation du bouchon. Mais cesse son geste en plein vol, lorgnant pendant l'action sur le téléphone de son voisin. Il ne peut plus résister, il faut qu'il sache...

« Mais dis-moi, tu captes vraiment dans le métro ? [le métro est un endroit préservé des sonneries polyphoniques et des hurleurs de banalités]
– Heu je sais pas, je me servais pas du réseau là. »
(il essaie)
« Ah non. »
Gérard ne peut contenir son sourire, ravi de voir que finalement son téléphone n'est pas si ridicule face à celui-ci. Il répond : « Heureusement hein, ça fait un moment de répit comme ça, sinon on passerait vraiment toute notre vie dessus, déjà qu'à la maison on n'arrive pas à s'en décrocher ! »

C'est triste qu'un téléphone portable puisse revêtir tant d'importance, non ?



(*) Notez ce phénomène d'identification aux objets, qui pousse à dire « je capte » ou « je me gare », au lieu de « mon téléphone capte » / « je gare ma voiture »

mardi 17 mars 2009

Oiseau citadin

Dans le ciel de la ville, un oiseau qui semble hésiter entre tourbillonner et planer. C'est l'occasion de faire abstraction des voitures et des gens autour, pour ne regarder que le ciel (en attendant que le feu piéton passe au vert). L'oiseau s'éloigne, puis il se rapproche...

... ah mais non, ce n'est pas un oiseau ! C'est une feuille de journal pliée pour en faire un avion, un avion tout simple, mais qu'est-ce qu'il vole bien. Et avec les images sur le journal, il est joliment coloré.

Il continue longtemps à virevolter sur fond de ciel bleu, sorte de vision d'espoir de ce que l'humain [aidé du vent] peut construire d'enchanté.

Mais voilà l'avion de papier qui descend en piqué, à toute vitesse. Il atterrit sur la route et immédiatement une voiture roule dessus. Ce n'est plus un avion c'est juste une feuille de journal, froissée et sale (et le feu piéton est passé au vert).

L'humain, la ville, pffffff. Ca ne vaut pas les véritables oiseaux, leurs prés et leurs forêts...

vendredi 27 février 2009

Remets donc ce comprimé dans sa boîte

C'est fou tous ces gens qui ne savent pas que la fièvre c'est la réaction normale du corps pour se défendre, permettant au système immunitaire d'être pleinement actif, et que donc plutôt que de chercher à faire baisser la fièvre il vaudrait mieux l'aider à monter.

Ayant encore une fois sous les yeux cette scène qui me désespère, quelqu'un qui croit qu'il commence à être malade alors il se dépêche d'avaler un comprimé contre la fièvre (il ne sait même pas s'il a réellement de la fièvre !), je posai gentiment la question de pourquoi il prenait ce comprimé. Effectivement, le pseudo-futur-malade n'y avait jamais vraiment réfléchi, il pensait que la fièvre c'était juste que le corps n'arrivait plus à se refroidir. Sauf que si le corps arrêtait réellement de travailler à réguler sa température parce qu'il est trop occupé à combattre un envahisseur, sa température se rapprocherait de la température ambiante, or sous nos latitudes la température hivernale est franchement plus basse que la température corporelle, non ? :)

Et si tu faisais confiance à ton corps et que tu ne prenais des médicaments que sagement en dernier recours s'il n'arrive pas à se soigner tout seul dans un délai raisonnable ? Tu sais, il sera toujours temps que tu avales ton comprimé si la fièvre monte vraiment haut et que tu t'inquiètes pour ta survie (pour t'inquiéter tu peux attendre que ça atteigne éventuellement 40 degrés). Et si tu laisses tes défenses immunitaires jouer leur rôle ça pourrait même les renforcer en vue des futurs envahisseurs qui oseront s'attaquer à ton corps...

mardi 11 mars 2008

Discussion de cantine

12h03, cantine du boulot. Quelqu'un parle de décroissance. Et c'est même pas moi.

Même si les gens autour de la table ne semblaient rien mettre en pratique, tous étaient d'accord sur le fait que la recherche de la croissance continue était absurde et ne pouvait mener à rien, de même que sur l'inadéquation de l'utilisation du PIB pour définir l'état d'un pays. Oui si on détruit tout un pays et qu'on le reconstruit, le PIB est énorme alors que pourtant le pays se porte très mal.

Je travaille ces temps-ci pour une entreprise que ses employés appellent affectueusement « cimetière S*pr* », car beaucoup du haut de leur âge qui est le double du mien, terminent continuent leur vie professionnelle ici après avoir travaillé pour la SSII S*pr*. C'est la deuxième fois depuis le début de l'année que je me trouve à parler décroissance le midi au boulot, peut-être bien que ce milieu n'est pas si hermétique à ces idées-là. Ou alors c'est qu'il y a heureusement un nombre relativement important d'humains qui sont capables de prendre du recul et de réfléchir.

A moins que ce ne soit juste que ça devient un sujet à la mode... Est-ce que vous aussi vous parlez décroissance avec vos collègues au repas de midi ?

dimanche 16 décembre 2007

C'est bientôt Noël (2)

C'est dimanche. Beaucoup de magasins sont ouverts. Et apparemment ils sont bien remplis. Il y a donc tant de gens qui n'ont rien de mieux à faire de leur dimanche que d'aller dans les magasins ?

Vous allez me dire, c'est parce qu'on approche de Noël, et que tout le monde se précipite en masse dans les magasins pour acheter des cadeaux. Comme si choisir quelque chose dans un magasin un peu au hasard puis le faire emballer par la caissière pouvait montrer l'attention qu'on porte à quelqu'un... Pourquoi ne pas s'abstenir de cadeaux si on n'a pas d'idée et que le destinataire n'est pas capable d'en proposer une, pour lui faire ensuite un cadeau sans occasion particulière quand on trouvera quelque chose qui lui plairait ? Il y a le risque que la personne n'ait aucun cadeau, mais si elle n'a envie de rien est-ce vraiment un problème ? C'est toujours mieux que de se sentir obligé de s'extasier devant cet objet qu'hier encore on a trouvé totalement inutile en le voyant dans une vitrine...

Autant dire que je ne vais pas me précipiter dans les magasins pour acheter une machine à café à dosettes toute décorée (prévue pour être jetée dans un an car un nouveau décor bien plus joli aura été créé), ni une lampe qui coûte vraiment cher pour ne même pas éclairer et juste faire une ambiance (avec 16 millions de couleurs différentes, d'une différence bien sûr indiscernable par l'oeil humain). Je limite d'autant plus les cadeaux que, étant née à moins d'une semaine de Noël, chaque année j'ai une double ration de cadeaux et pas le temps de m'intéresser à chacun, alors je pense qu'on profite mieux d'un nombre limité de cadeaux.

Plutôt qu'un banal cadeau choisi au détour d'un rayon et qui encombrera, on peut offrir du temps sous forme d'un cadeau immatériel : par exemple offrir à son frère des écorces d'orange confites qu'on a préparées soi-même, qui lui offrira à sa soeur de l'accompagner à des sorties vélo.

Et si cette année je n'ai aucun cadeau, je saurai avec certitude que le père noël est un fidèle lecteur de mon blog :-)

vendredi 23 novembre 2007

Le bleu délavé, est-ce bien une couleur à la mode* ?

J'adore suivre la mode vestimentaire, jeter à la poubelle mes habits à chaque fin de saison pour en racheter des nouveaux l'année d'après. Nouveaux habits avec à chaque fois des formes encore plus étranges, encore moins adaptées à la forme du corps.

La preuve ? Ce pull bleu délavé que je porte aujourd'hui, ça doit bien faire 8 ans que je m'en sers.


mode n. f. Stratagème de manipulation permettant d'augmenter les ventes en accélérant artificiellement l'obsolescence des objets par une tentative d'éviction du critère d'usure dans l'appréciation de cette obsolescence.

vendredi 19 octobre 2007

C'est bientôt Noël

La semaine dernière, à travers la vitrine d'un magasin, j'ai vu des décorations de Noël en vente.

Quoi, les décorations de Noël sont encore en vente début octobre ? Pourtant on devrait en être déjà aux chocolats de Pâques, voire aux maillots de bain...

Chaque année il y a un peu plus d'avance, à peine en grandes vacances d'été les enfants se retrouvent face aux cahiers et stylos dans les magasins, à peine le manteau d'hiver ressorti du placard pour le premier jour de froid on reçoit les catalogues de vente par correspondance de l'été prochain, à peine l'été est arrivé que les magasins de chaussures ne proposent plus que des grandes bottes fourrées, et quand par malheur les bottes arrivent en fin de vie en mars, il n'y a que des sandales dans ces mêmes magasins.

Alors moi je suis impatiente qu'il y ait encore plus d'avance, quand on en arrivera à un an d'avance au moins les magasins vendront ce qu'il faut au bon moment :-) Et puis cela limitera le gaspillage puisque ce décalage pousse les gens à acheter en avance, entraînant des achats qui seront devenus inutiles avant même que leur saison d'utilisation ne soit arrivée.

Le pire n'était peut-être pas que les décorations de Noël soient déjà en vente, mais la réaction de quelqu'un qui était avec moi à ce moment-là : « Chouette voilà les décorations de Noël, alors moi cette année je vais tout racheter en rouge » ...

lundi 14 mai 2007

Claude Allègre

Je me suis sentie profondément choquée en lisant l'article suivant : Claude Allègre publie un livre. Le but de ce livre est apparemment de dire que le réchauffement climatique c'est pas grave, et que la croissance en viendra à bout. Je vais donc rétablir la ma vérité, à travers une sorte de dialogue.

L'article : « Il n'est pas réaliste de dire qu'il faut arrêter de se développer, de se déplacer en avion, d'utiliser la voiture. C'est une attitude négative, régressive mais surtout idiote, car personne ne suivra cette ligne qui nous ramène aux cavernes. »
Cécile : Personne ne parle d'arrêter de se déplacer, que ce soit en avion ou en voiture. L'idée est de se déplacer plus rationnellement. Et puis parler de ramener aux cavernes, ce serait pas un peu exagéré ? Parce que, OUI, il est possible de vivre confortablement, sans épuiser la planète, et sans revenir au temps des cavernes. Je rappelle que si tous les habitants de la planète vivaient comme les Européens, il nous faudrait 3 planètes ; et comme les Américains du Nord, 6 planètes. Or, il me semble qu'il y a cinquante ou cent ans le mode de vie français respectait le fait que nous n'ayons qu'une seule planète, et sans être du tout une vie dans des cavernes. Vu les progrès technologiques réalisés depuis, le confort pourrait tout à fait être économe aujourd'hui.

« Il y a des choses plus urgentes à faire, comme la lutte contre la raréfaction de l'eau. Dans le monde, 50 000 personnes meurent chaque semaine du manque d'eau potable. Nicolas Hulot, dans son «Pacte écologique», ne propose rien là-dessus. »
Oui moi aussi je trouve que le pacte ne contient que du vide. Mais passons. Et si justement, pour lutter contre la raréfaction de l'eau, il nous fallait agir sur l'intégralité de la planète, et sur l'intégralité des ressources ?

« Nicolas Hulot est le porte-drapeau, du moins en France, de cette théorie [la décroissance]. »
Oh que non, Nicolas Hulot n'est pas du tout le porte-drapeau de cette théorie. Il dit lui-même qu'il n'est pas du tout d'accord avec cette théorie. Et comment le pourrait-il, d'ailleurs, lui qui se déplace en hélicoptère pour tout prétexte, touchant un salaire faramineux qui lui vient de TF1, l'Oréal, et autres entreprises consommez-consommez-jetez-polluez.

« Il [Nicolas Hulot] est animateur de télévision. Il doit son succès aux médias qui l'ont déifié. »
Sur ce point je suis tout à fait d'accord.

« Cette idéologie [le protocole de Kyoto], c'est le refus du progrès. Je suis pour le progrès. Il y a d'une part un changement climatique. Il y a d'autre part, due à l'homme, une augmentation du gaz carbonique dans l'atmosphère et, dans l'hémisphère Nord, depuis trente ans, une certaine augmentation de température. Mais au dernier interglaciaire, il y a 20 000 ans environ, il faisait plus chaud qu'aujourd'hui. »
Au dernier interglaciaire, ni lui ni moi n'étions là pour voir les conséquences. Peut-être y a-t-il eu des milliers de morts (ce qui, par rapport à la population de l'époque, aurait été l'apocalypse) ? La population étant très inférieure à aujourd'hui, elle avait énormément d'espace à sa disposition pour s'adapter.

« Je ne pense pas que ce changement climatique soit dû à 100% à l'homme. Autrement dit, ce n'est pas la réduction du gaz carbonique dans l'atmosphère qui empêchera que le changement climatique continue. »
Oui, on sait malheureusement que diminuer le gaz carbonique dans l'atmosphère ne suffira pas. Mais est-ce une raison pour continuer à en ajouter encore et toujours plus ?

« Chaque fois que l'homme invente de nouvelles technologies, il provoque des bons économiques. Si demain les voitures sont toutes hybrides en alimentation énergétique, il y aura un boom profitable pour tout le monde. »
Déjà, si tous les véhicules étaient hybrides, il faudrait construire des centrales énergétiques pour produire l'hydrogène... Mais l'obstacle essentiel est l'effet rebond. Celui qui fait qu'à chaque fois qu’on a réussi à économiser telle ou telle matière première pour produire un bien ou un service, l’effet de ce gain d’éco-efficience a été plus que compensé par un accroissement encore plus important des quantités produites. Par exemple, les voitures consomment moins de carburant, donc coûtent moins cher, donc plus de kilomètres sont parcourus. Les réfrigérateurs sont de plus en plus économes, mais de plus en grands, largement plus grands qu'ils sont économes.

« Il n'y a pas de danger d'OGM. Ceux qui le prétendent disent des fadaises. »
Quand pour seule explication on dit que ceux qui le prétendent disent des fadaises, on indique qu'on n'a pas de preuve. Mieux vaut alors se taire, ou indiquer que la phrase est un avis personnel et non une généralité.

« Les OGM permettent de fabriquer des plantes qui consomment moins d'eau et qui n'ont pas besoin d'insecticides ou de pesticides. Les OGM sont le meilleur outil pour dépolluer la planète. »
Il me semblait que les OGM permettaient juste d'enrichir les sociétés qui les vendent, puisqu'elles sont propriétaires de l'espèce qu'elles ont inventée. D'autre part, les insectes peuvent devenir résistants à l'insecticide produit par la plante, il faut alors mettre double dose d'un insecticide classique pour supprimer les insectes mutants. Et que dire de ces OGM résistants aux herbicides, qui donc permettent d'utiliser encore plus d'herbicides ? Non, vraiment, je ne peux pas croire cette fadaise, que les OGM permettraient de dépolluer la planète.

Quand je lis un texte contenant autant de mensonges et d'oublis, je ne peux m'empêcher d'y voir une tentative de discrédit d'une idée par tous les (mauvais) moyens possibles. Etre victime d'une tentative de discrédit prouve la crédibilité, non ?

dimanche 29 avril 2007

Sauve qui peut... les poulets

Voici ce que j'ai appris en regardant un dvd intitulé Sauve qui peut... les poulets, à propos de l'industrialisation de l'élevage de poulets. Oui, le texte est long, mais sa lecture prend énormément moins de temps que de regarder le dvd.

Le reportage donne tout de suite le ton en présentant des images un peu affreuses de corps de poulets qui défilent sur des crochets et sont tranchés lorsqu'ils passent devant une lame. Avec 160 000 tonnes de poulet consommé chaque jour, le poulet est devenu une marchandise pour des entreprises agro-alimentaires mondiales.

Tout d'abord admirons une usine thaïlandaise. Le numéro 1 mondial du poulet est thailandais, il se nomme CP. Un commercial forcément objectif nous fait visiter l'usine (en omettant le côté obscur bien entendu). Une publicité de ce groupe dit que le poulet est plein de protéines, qu'il est peu gras [je dirais que ça dépend s'il est de bonne qualité], et il a bon goût [moi je trouve le poulet insipide, à part les vrais poulets fermiers]. Nous voyons de gigantesques poulaillers, 11 poulets au mètre carré, 16 000 par poulailler, 250 poulaillers, soit au total 4 millions de bêtes.

Grâce à une débauche de capteurs, partout et pour tout mesurer, la présence d'un seul humain suffit pour élever 100 000 poulets. La nourriture des poulets est exclusivement importée (maïs et soja).

Chaque jour 700 000 unités sortent de l'usine à poulets, débités par des humains. La chaîne de production regroupe une armée de gens en tenue bleue, seuls les yeux dépassent, les chefs ont un habit de couleur différente et un porte-voix. 20 000 personnes travaillent ici. Témoignage d'un employé recueilli à la cantine (sous les yeux du commercial, discours forcément sincère donc...) : « J'aime beaucoup ce travail, les chefs sont très gentils ».

Thaïlande et grippe aviaire. La Thaïlande est l'un des pays foyers de la grippe aviaire [comme par hasard]. Pour lutter contre cela, les animaux dans des poulaillers à l'air libre ont été abattus. Notre numéro un mondial n'a pas été inquiété, ses poulets sont soi-disant isolés du monde extérieur (nous verrons plus tard que cela est faux). Peut-être son influence au sein du gouvernement thailandais, et le fait qu'il aie même ses propres conseillers auprès du premier ministre y est pour quelque chose dans cette tranquillité...

Monsieur le commercial nous dit qu'il y a des analyses en continu sur ses poulets, « aucune raison de s'inquiéter », affirme-t-il. La preuve : les clients ne sont pas partis, et il y a même des nouveaux clients à cause de la grippe aviaire [on pourrait presque croire qu'ils ont cherché à arrêter les petits et moyens élevages afin d'augmenter la part de marché des gigantesques].

Revenons en Europe. Le poulet thaïlandais se vend très peu, en effet le poulet cru importé est surtaxé en Europe, cependant de plus en plus de poulet cru est importé du Brésil. Les plats cuisinés à base de poulet proviennent de l'étranger.

L'Europe exporte son trop-plein de poulet cru vers l'Afrique, sous forme de poulets congelés. Au Cameroun une étude a montré que 83% des poulets congelés sont impropres à la consommation. Avant l'interdiction des farines animales, ces poulets étaient transformés en farine animale. Ces poulets étant moins chers que les poulets produits localement, ils détruisent le marché local : dans les années 80, le Cameroun s'auto-suffisait alimentairement à 90%, aujourd'hui c'est seulement 59%.

Retour en Thaïlande, du côté des petits éleveurs cette fois. Le gouvernement prépare une loi sanitaire imposant l'enfermement des volailles, un producteur dit que ses poulets vivent dans les arbres, en liberté, ils se nourrissent des insectes du potager, et donc il n'a pas besoin d'insecticides. Les petits éleveurs n'auront pas assez d'argent pour mettre en place le système d'enfermement. La guerre du poulet est emblématique, c'est l'interdiction de produire sa propre nourriture qui est en jeu.

Sur un marché nous assistons à la comparaison d'un poulet CP et d'un poulet d'un petit élevage artisanal : le poulet CP ressemble à une boule de gras, l'autre ... à un poulet. 45 jours d'élevage pour le premier, contre plus d'un an pour le second. Le premier est plus gras et moins cher.

Les petits producteurs, variable d'ajustement des usines à poulet. Notre commercial CP reprend la parole : les petits éleveurs n'ont plus d'avenir, à cause de la grippe aviaire, ils ne peuvent pas contrôler, ils vont devoir changer de métier. Il rappelle que les 700 000 poulets abattus chaque jour chez CP proviennent exclusivement de l'usine à poulet, mais c'est mathématiquement impossible... Ces fermes ne peuvent produire qu'un quart de ce chiffre. La compagnie aurait-elle des contrats de sous-traitance ? « Avant nous avions quelques élevages, mais c'est terminé maintenant » (on note quelques coups d'oeil gênés entre les interlocuteurs de chez CP avant de répondre à la question). Et pourtant, on rencontre une femme thaïlandaise, faisant partie de la catégorie des petits éleveurs : elle a tout investi elle-même, elle a une grosse dette, CP lui fournit les poussins, la nourriture, les médicaments, les visites vétérinaires. Son contrat lui interdit de travailler pour quelqu'un d'autre, mais sans lui garantir des commandes régulières. L'an dernier elle n'a pu faire fonctionner qu'un seul poulailler sur les 3 qu'elle possède, en fonction de la loi du marché. Ce sont les petits producteurs qui servent de variable d'ajustement au chicken business. CP aurait en arrière-boutique 10 000 éleveurs, ce qui transforme en mensonge ce que disait notre gentil commercial, qu'il n'y avait aucun risque de grippe aviaire dans son usine, car aucun contact avec l'extérieur...

Un éleveur en France. Il nous dit que la situation est la même en France, il a élevé des poulets pendant une dizaine d'années pour un industriel français, il servait lui aussi de variable d'ajustement. Il s'est depuis reconverti dans un élevage de moutons indépendant.

Que de raisons d'être optimiste sur l'avenir du monde...

mercredi 21 mars 2007

Mais où est donc passée la qualité ?

Voici un exemple qui fait suite à ceci.

Il y a quelques jours j'ai vu dans un magasin des serviettes de tables qui me plaisaient, au point que j'en avais acheté une. Une seule car je cherche à éviter les objets purement inutiles, qui ne rempliront pas leur but, ou pas durables, et je voulais donc vérifier l'adéquation de l'objet à mon besoin.

J'ai donc testé à fond la serviette de table : vérifié si j'avais plaisir à m'en servir, si elle avait l'air solide, etc. Je continuai à la trouver jolie, cette impression qu'elle était une association de plusieurs tissus, ce motif brodé qui se répète (des fleurs je crois) toujours en bleu, ce fond qui est selon les zones rosé, rouge, ou marron. Et ce véritable tissage, pas du coloriage, puisque quand on retourne la serviette les couleurs sont inversées. Bref, j'étais convaincue par l'utilité d'acheter quelques unes de ces serviettes.

Je retournai donc au magasin et, prise d'une intuition, je dépliai la serviette sur le dessus du tas : oh, elle est cousue complètement de travers ! Supposant qu'il s'agissait d'un exemplaire défectueux, j'en dépliai une autre : oh, elle n'est pas du tout coupée comme les autres, il y a du rose à gauche et à droite sur celle-ci ! Déçue, je dépliai quelques serviettes supplémentaires (rassurez-vous je les ai soigneusement repliées ensuite) ; il n'y en avait pas deux coupées de la même façon (normalement on calcule le motif du tissu pour que les pièces soient semblables, non ?), beaucoup qui étaient cousues de travers, et même une qui était cousue sur l'endroit !

Et voilà ce qui se passe quand on fait fabriquer les choses en Chine (je reconnais ma mauvaise foi, je ne sais pas où les serviettes sont fabriquées car elles ne portent aucune étiquette). Et pourtant le prix ne justifiait pas ces défauts : 6 euros pour un carré de tissu, cela exclut théoriquement la camelote.

Je vais supposer que c'était juste un lot défectueux, réalisé tard le soir sous la contrainte vous-en-cousez-encore-mille-et-vous-aurez-le-droit-d'aller-dormir, et donc je retournerai peut-être déplier les serviettes du magasin dans quelque temps. Mais il se pourrait que j'aille acheter un morceau de tissu qui me plaît, pour réaliser moi-même des serviettes de table ; au moins si la couture est de travers il y aura une justification raisonnable ;-). Ah oui, il faudrait que je vous raconte ma première rencontre toute récente avec une machine à coudre, pour réaliser un sac à courses.

Serviette de table telle que décrite ci-dessus