J'ai rencontré un commercial. Il voulait me faire passer un entretien chez un client dans une ville un peu à l'écart de Lyon, je devais le rejoindre sur un parking de magasin de bricolage que nous appellerons LM. Et le voilà, au volant de son 4x4 Merced*s rutilant avec ordinateur de bord, téléphone portable qui se connecte automatiquement à cet ordinateur, GPS intégré, etc, mâchonnant fièrement un chewing-gum la bouche ouverte, dégageant une odeur trop forte où se mélangent désagréablement après-rasage, déodorant et parfum.

A cette première image, j'avais des frissons de dégoût. Ce n'est vraiment pas mon monde (les apparences, la frime) et je voudrais ne jamais avoir à m'approcher de ce monde-là. Bien sûr j'ai réfléchi que si ce commercial me plaçait chez le client, il allait toucher une prime qui lui servirait à se payer une plus grosse bagnole encore...

Avant de rencontrer le commercial, je n'avais déjà aucune envie d'aller à cet entretien. J'avais râlé parce que venant d'Annecy ça me faisait 4 heures de route en tout (parce qu'en plus le vendredi soir monsieur ne pouvait pas, il fallait que ce soit en milieu de semaine), et il ne voulait même pas prendre en charge les frais occasionnés qui étaient juste 26 euros de péage et 300 kilomètres... J'ai réussi à obtenir remboursement, mais pas à me dispenser de l'entretien.

Ce qui ne me faisait vraiment pas envie avec ce client, c'est que ça impliquait d'aller travailler en voiture. C'est trop loin de Lyon pour qu'il y ait des transports en commun et il faut ni plus ni moins traverser Lyon pour y aller, ce qui me coûterait deux bonnes heures de ma journée dans la voiture. C'est l'horreur absolue pour moi. Mais juste avant l'entretien le commercial a cru bon de me dire que si ça ne collait pas chez ce client, je retournerais chez **fabricant-de-vaccins**. Oui je sais, vois-tu je me suis déjà renseignée sur les autres possibilités de mission qui auraient pu m'éviter la tienne, et justement celle-ci me fait bien envie ;) .

Il faut savoir que quand j'ai quelque chose en tête je peux devenir vraiment têtue, et qu'alors on ne peut plus rien obtenir de moi. Je n'étais donc vraiment pas dans l'optique de faire de mon mieux à l'entretien, juste le minimum pour ne pas paraître en plein sabotage...

Ca tombait bien, je n'avais pas vraiment le profil recherché. L'entretien comportait uniquement des questions techniques et se terminait même par un QCM sur papier. Oui, chez ce client l'appréciation des gens se fait sur leur connaissance conceptuelle des outils, et peu importe si c'est des choses qu'on a apprises sur Wikipedia et si on ne sait pas utiliser les outils ! Moi je ne connais pas trop les concepts derrière les outils que j'utilise et ça ne m'empêche pas de me débrouiller très bien avec ces outils, et même avec ceux qui sont nouveaux pour moi, une de mes forces étant mon adaptabilité.

Je n'avais même pas besoin de saboter l'entretien, les circonstances le faisaient pour moi.
Entreteneuse : « Décrivez-moi comment sont gérées les bases de données chez votre client actuel, je vois que ce n'est pas écrit sur votre CV.
Cécile : - Ah, c'est qu'il n'y a pas de bases de données pour les sujets sur lesquels j'ai travaillé.
- Alors, racontez-moi ce qu'ils utilisent pour le web.
- C'est-à-dire que ce sur quoi j'ai travaillé là-bas, ce n'est pas à proprement parler du web... »

Mais l'apothéose c'était après l'entretien, quand le commercial m'a déposée sur le parking de LM et que j'ai repris ma voiture pour rentrer chez moi. J'ai mis 55 minutes pour y arriver (sachant que c'est un trajet de 17 minutes selon un site Internet de calculs d'itinéraires...). Il y avait du monde sur la route alors qu'il était pourtant 19h30 et forcément je me suis perdue, ne connaissant pas grand-chose des boulevards et avenues de Lyon-en-voiture. C'était la preuve que non vraiment, aller travailler en voiture je ne peux pas.

Heureusement le lendemain, le commercial m'a annoncé, déçu, que « [ma] candidature n'était pas retenue » (il aura pas sa prime :D ). Alors voilà j'ai gagné, je vais retourner travailler chez **fabricant-de-vaccins** en transports en commun, et pour cela revenir habiter chez moi à Villeurbanne, après tous ces mois ailleurs...