[Si le titre ne te rappelle rien, tu ferais bien d'aller (re)lire Le métro D. D comme Disneyland.]

Depuis quelques semaines je redécouvre le métro D. Maintenant les lumières sont éteintes, le tunnel reste désespérément sombre. Maintenant quand on s'installe à l'avant on ne voit que l'intérieur de la rame qui se reflète tout déformé sur la vitre. On ne devine plus les reliefs du parcours. Oh, on croise parfois une autre rame, et alors on voit sa lumière s'éloigner à toute vitesse jusqu'à disparaître en un point minuscule (dans la ligne droite toujours aussi longue entre Gorge-de-Loup et Vieux-Lyon). Ca économise de l'électricité, c'est vrai que ça ne servait pas à grand-chose d'éclairer le tunnel. Et c'est pas plus mal, ça nous ramène à la réalité : le métro qui circule dans les entrailles de la ville, ce n'est résolument pas quelque chose de fun.

Parfois la routine est brisée par la rencontre avec une de ces nouvelles rames qui apparaissent sur la ligne D et qui coloniseront ensuite les autres lignes. Ces rames ont pour particularité une seule banquette de chaque côté au lieu de groupes de sièges qui se font face deux à deux. Forcément ça fait beaucoup moins de places assises. Il paraît que ça permet d'« augmenter la fluidité de déplacement à l'intérieur de la rame », moi je comprends surtout que c'est pour entasser encore davantage de monde. Les banquettes sont une moquette collée sur du plastique, pas de rembourrage et pas vraiment de dossier. Rien à voir avec les sièges-fauteuils des lignes A et B certes défraîchis mais sur lesquels il fait bon s'avachir en attendant d'arriver chez soi.

Oui, c'est qu'avec leurs couleurs modernes ils sont bien décorés, les sièges des nouvelles rames. Les anciennes rames ne sont peut-être pas fondamentalement jolies, surtout avec la mutation due aux années, n'empêche que sur les lignes A et B le bleu vert (grisâtre) des sièges et le beige jauni des parois créent une ambiance plutôt chaleureuse, alors que le gris clair (tout neuf) associé au rouge vif rend les nouvelles rames froides et agressives.

Les voyageurs dédaignent habituellement les places qui tournent le dos au sens de la circulation ? Les nouvelles rames se sont affranchies du problème puisqu'il n'y a pas le choix, ça revient au même d'avoir le profil droit ou le profil gauche vers l'avant. Mais être assis latéralement c'est autrement plus désagréable que d'être assis dans le sens inverse de la circulation. Voyons le bon côté des choses : comme les voyageurs préfèreront rester debout, les mamies seront assurées de trouver des places assises (il faudra juste qu'elles arrivent à se glisser à travers la foule pour atteindre les sièges...).

Je songerai à tout cela, quand bientôt j'irai en voiture chez ce client où paraît-il il fait bon travailler, dans la campagne lyonnaise au-delà de la portée des transports en commun. J'y songerai quand au lieu d'affronter une marée humaine à la station Bellecour (la correspondance entre deux lignes en fait l'une des stations les plus fréquentées) je découvrirai cinq files à l'arrêt sur le périph' et/ou que je goûterai aux joies de la traversée de Lyon parmi les voitures folles sans clignotants, les piétons qui se croient invincibles et les Velo'Veurs qu'on dirait que c'est la première fois qu'ils montent sur un vélo.