Souvent, en ville, je marche seule. Ca m'énerve ces gens que je croise et qui sous prétexte qu'ils vont par deux ou par trois ou par famille nombreuse, se donnent le droit d'utiliser toute la largeur du trottoir.

Parfois j'ai carrément l'impression d'être transparente (c'est assez perturbant). Parfois il faudrait, juste pour les laisser passer, s'arrêter de marcher et se ranger dans une entrée d'immeuble. Comme si on devenait plus important juste parce qu'on se promenait à plusieurs.

Non, si vous êtes deux et que vous croisez une personne, cela ne vous donne pas automatiquement droit aux 2/3 de la largeur du trottoir. Ce n'est le cas que si le trottoir est suffisamment large pour trois personnes, sinon vous n'avez logiquement droit qu'à la moitié du trottoir. La politesse préconise alors de se placer l'un derrière l'autre le temps d'effectuer le croisement, ou au minimum de réduire l'espace inter-personnel pour laisser passer la personne d'en face. Cela en sachant qu'il a été scientifiquement prouvé que l'on survit très bien à un éventuel arrêt de discussion de quelques secondes.

J'avais fini par décider que désormais, quand on ne me laisserait pas réellement la place de passer, je m'autoriserais à donner un coup d'épaule. Contrairement aux apparences ce n'est pas un geste de violence, c'est un geste de passivité : il suffit de continuer à marcher... Je ne le ferais bien sûr pas s'il s'agit d'un enfant, parce que un enfant c'est précieux un enfant n'y est pas pour grand-chose si ses parents ne lui ont pas appris la politesse de la rue. Et accessoirement, l'enfant ne serait pas suffisamment haut pour recevoir un coup d'épaule ;-) .

Aujourd'hui j'ai une énième fois été confrontée au second problème du trottoir : les mêmes personnes qui utilisent toute la largeur du trottoir, à la différence que cette fois ils marchent dans le même sens que vous mais moins vite que vous, et vous ne pouvez pas les doubler sans risquer votre vie en descendant sur la chaussée. Aujourd'hui je me rapprochais de ces deux promeneurs devant moi, m'apprêtant à ralentir (et à les maudire), quand ils se sont spontanément alignés afin de me laisser filer vers ma demeure. Pour la peine, au lieu d'un coup d'épaule, c'est un sourire que j'ai donné...