Un samedi matin, aller poster une lettre en recommandé. Se préparer à attendre de longues minutes derrière des mamans avec un bébé qui braille, au milieu d'enfants qui courent partout avec des cris aigus. Avoir la bonne surprise de découvrir que maintenant les guichets sont séparés par fonction, qu'il n'y a plus à patienter derrière ceux qui viennent faire des virements multiples quand on vient pour du courrier.

Sortir à peine cinq minutes plus tard (juste le temps d'écrire l'adresse du destinataire sur le recommandé), admirer le paysage urbain estompé par le brouillard, brouillard qui rend les choses si différentes des autres jours.

Décider alors d'aller faire un tour au marché juste pour prolonger la balade, sans projet d'achat car le producteur officiel a fourni sa cargaison hebdomadaire. Repérer tout de même un stand sur lequel il semble n'y avoir que des produits de saison, demander si c'est un producteur de la région, entendre cette réponse prometteuse qu'on attendait. Alors acheter quelques fruits.

Revenir en passant par la place de l'Hôtel de Ville, prendre son temps à côté des bassins récemment installés, pour y regarder les reflets dans l'eau, déformés sur des vagues qui se déplacent lentement, écouter le bruit des vagues qui ont atteint le bord du bassin et s'en évadent, s'approcher et entendre des morceaux de glace se briser sous les pas, en déduire qu'il fait froid. Se rendre compte alors qu'on a les doigts un peu gelés. Rester quand même là, à sourire en regardant un petit enfant sur un vélo minuscule, il ne comprend pas que c'est parce qu'il ne tient pas son guidon droit qu'il tourne en rond lorsqu'il appuie sur les pédales.

Arriver chez soi et avoir un peu de mal à tourner la clé dans la serrure, à cause des doigts gelés. Mais conserver ce goût de bonheur du samedi matin d'hiver à Villeurbanne, orné de brouillard, avec plein de temps devant soi...