En ce mois de janvier, je suis plus ou moins en intercontrat, alors je me promène de projet en projet. Oui, je vois vraiment ça comme une promenade. Je découvre plein de choses, plein de gens. Il m'a fallu pas mal d'années pour me rendre compte qu'en fait j'adore rencontrer des gens, discuter avec eux pendant le repas de midi pour quelques jours ou semaines. Et puis j'aime bien bouger tout le temps, et qu'à midi moins deux on me téléphone pour me dire que pour l'après-midi mon planning a changé et que je pars sur un autre projet plus tôt que prévu.

Bref. C'est comme ça que je l'ai rencontré. Dans une équipe plutôt banale, sur un projet plutôt banal. Au détour d'une conversation il avait dit que de toute façon quand il irait élever des chèvres en Ardèche, et moi j'ai brûlé d'envie de lui demander si c'était un véritable projet d'avenir ou juste une boutade faisant partie de sa mythologie, une de ces petites phrases dont nous avons chacun les nôtres et que nous racontons régulièrement, sans forcément qu'elles soient vraies. La conversation s'était malheureusement orientée trop rapidement vers un autre sujet.

Et puis un autre jour le sujet de discussion était venu à ce monde de la consommation et de la croissance, malheureux et inhumain, sans avenir à cause de l'épuisement des ressources et de la pollution (oui, c'est comme cela que je vois le monde). Lui il partageait les mêmes idées que moi, et il a même dit le mot décroissance. Et ça a résonné très fort dans ma tête, émerveillée que j'étais d'avoir trouvé quelqu'un qui partage ces idées. Bien sûr je savais que je n'étais pas la seule, j'en avais rencontré d'autres au Contre-Grenelle de l'environnement en octobre dernier à Lyon (organisé par Casseurs de pub), et je ne suis pas la seule abonnée au journal la Décroissance. Mais je ne m'attendais vraiment pas à en rencontrer un autre par hasard, surtout dans le milieu informatique qui me semble très incompatible avec ces idées-là.

Alors sans qu'il ne demande rien, le lendemain j'ai apporté mon livre La décr0issance p0ur t0us (Nic0las Rid0ux) pour le lui prêter. Ce livre j'y tiens énormément, je m'y reconnais à chaque page, et donc je ne le prête vraiment pas facilement. Un sourire complice a éclairé son visage quand je lui ai tendu le livre et qu'il m'a demandé tout étonné si vraiment je le lui prêtais. J'attends avec une certaine impatience ce moment où il me rendra mon livre, cette opportunité de parler encore avec lui pour que ça résonne encore dans ma tête...