Un jour férié, n'avoir rien de prévu. Repenser à cette vieille envie de posséder un fauteuil pour pouvoir s'installer confortablement pour lire. Se souvenir que le magasin suédois à l'enseigne jaune et bleu est ouvert aujourd'hui. Regarder le temps ensoleillé dehors, en conclure naïvement que les gens sont certainement plus nombreux à aller se promener qu'à aller s'enfermer dans les magasins. Décider alors d'aller acheter un fauteuil à Ikea.

S'installer au volant de sa voiture, calculer que c'est la première fois de l'année que la voiture est utilisée pour aller faire des courses alors qu'on est en novembre, se dire qu'habiter à la ville a certains avantages. Mettre 15 minutes pour arriver à la sortie d'autoroute juste à côté du magasin. Autant de temps pour trouver l'entrée du parking. Et encore autant de temps pour trouver une place libre sur ce parking pourtant immense. Se désoler en imaginant l'ambiance suffocante qu'il doit y avoir dans le magasin.

S'asseoir dans différents fauteuils, comparer le confort et les prix. Repérer un modèle. Patienter longuement pour se renseigner auprès d'un vendeur, qui dira que ce modèle n'est pas en stock actuellement et que non dans ce magasin ce n'est pas possible de commander.

Continuer le parcours du magasin, faire tout le tour puisqu'il n'y a pas le choix qu'il faut suivre les flèches et passer par chaque rayon. Avec tout ce monde qui avance dans le même sens pas question de se rendre compte qu'on veut retourner voir un rayon où on est déjà passé. S'énerver à ne pas pouvoir marcher à son allure. Réfléchir qu'après tout on préfère être avec autant de monde dans le métro, qu'on supporte mieux la foule quand on est immobile que quand on veut avancer.

Au fil des rayons de ce grand temple de la consommation de masse choisir quelques objets plus ou moins nécessaires. Arriver enfin aux caisses et se décourager en prenant place derrière l'une des files d'attente d'une vingtaine de personnes.

S'installer de nouveau au volant de sa voiture et mettre beaucoup de temps pour rentrer parce qu'il y a des embouteillages partout. Stationner sa voiture juste au pied de l'immeuble alors que c'est bien rare qu'il y ait de la place aussi près. Se dire ironiquement si on avait pu acheter un fauteuil on aurait facilement pu le ramener jusqu'à la maison.

Conclure que non vraiment les jours fériés il ne faut pas aller dans les magasins, qu'il vaut mieux aller se promener. Mais ça on le savait déjà. Et puis ce n'est pas seulement valable pour les jours fériés...